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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 10:31

Depuis le 6 février, une jeune femme de 27 ans, mariée et mère de deux enfants de 6 et 2 ans, est en grève de la faim devant la marie de sa ville, à côté d’une pancarte sur laquelle est écrit en grosses lettres : « L’État me prive de travail », et une autre : « Je veux avoir le droit de vivre de mon travail ». On pense alors que pour d’obscures et injustes raisons administratives, cette jeune mère se voit refuser un emploi. Mais plus bas, sur le carton, on peut lire le calcul suivant : 2 CDI 2400€, assistante maternelle 1000€, remboursement CAF 290,94€. Avec comme conclusion qu’une fois les factures payées il ne reste alors à la famille que 30€. Donc elle a un emploi, le problème n’est pas là.

 

On pourrait croire alors que la revendication de la gréviste vise le bas niveau de salaire des smicards, puisqu’une dernière pancarte justifie sa grève par son statut de « femme, maman, smicarde, sans-dents ». Mais en réalité ce n’est pas vraiment non plus de cela dont il s’agit. En effet Aurélie, puisque tel est son nom, précise les motivations de sa colère dans un entretien que l’on peut retrouver sur le site de RMC-BFMTV1. Elle y explique qu’il y a peu elle ne travaillait qu’à mi-temps et qu’alors, les aides sociales dont elle pouvait bénéficier étant plus importantes, la famille s’en sortait mieux : « Avant, quand je travaillais à mi-temps et que mon mari était étudiant, entre mon salaire et les aides de la Caf, on touchait à peu près 2.000 euros. Et là, depuis qu'on travaille tous les deux à temps plein – moi dans une boulangerie et lui comme clerc de notaire –, on n'a pas assez pour vivre. En décembre, son salaire était de 1.259 euros et le mien de 1.143 euros. » On apprend donc que « avant », lorsque tout allait mieux, non seulement elle ne travaillait qu’à mi-temps, mais que son mari étant étudiant, il ne participait pas au revenu de la famille. Un rapide calcul permet donc de déduire que la part du salaire pour le travail à mi-temps d’Aurélie devait être approximativement de 1143/2 = 572€. Ce qui veut dire que la Caf versait le reste, soit 2000 – 572 = 1428€. Le détail des prestations n’étant pas précisé, on ne sait pas si la famille avait déjà recours aux services d’une nounou à temps plein ou partiel – entre le mi-temps d’Aurélie et le statut d’étudiant de son mari, on peut espérer qu’ils parvenaient à s’occuper en partie eux-mêmes de leurs enfants.

Mais une fois le couple au travail tous les deux à plein temps, leur revenu augmentant, les aides de la Caf ont baissé, et Aurélie s’offusque de ne plus être « remboursée que de 290 euros par mois pour la garde des enfants par une assistante maternelle. Le salaire de la nounou est de 1.048 euros. Quand vous enlevez les aides de la Caf, il reste 800 euros à notre charge. Vous rajoutez les factures et le loyer, il ne nous reste plus rien pour vivre, alors qu'on travaille ! Si je restais chez moi pour garder mes enfants, même sans aides et avec le seul salaire de mon mari on aurait plus d’argent. » Pragmatique, une employée de la Caf à qui Aurélie était allée se plaindre, lui a répondu qu’au vu de son dossier elle était « bête d’aller travailler ». Choquée par tant de misogynie Aurélie a perdu l’appétit et décidé de se battre : « J'adore mon travail et je veux le garder car je m'épanouis dans ce que je fais » nous apprend-elle. Ayant médiatisé sa lutte, elle reçoit des messages de soutien, comme celui de cette maman qui explique « qu'elle ne peut pas travailler, parce qu'elle ne trouve pas de nounou pour garder ses trois enfants en même temps, et parce que cela lui coûterait trop cher en frais de garde ». Ainsi, ce que réclament ces féministes est que l’État prenne en charge le salaire de celles qui s’occuperont de ses enfants pendant qu’elles s’épanouiront ailleurs.

 

Si l’on convient avec elles que les salaires sont trop bas et que « c'est la situation de tous les Français de la classe moyenne qui est triste », il nous est difficile de ne pas ressentir également de la tristesse pour une autre cause presque aussi largement répandue que la faiblesse des salaires : dans la France du XXIe siècle, s’occuper de ses enfants est un fardeau dont il convient de se décharger sur quelqu’un d’autre avec l’aide de l’État. À 27 ans, Aurélie et les autres ont encore entre 35 et 40 ans de travail à fournir avant d’arriver à la retraite. Avec les années précédentes, on peut tabler sur quelque 45 ans de labeur salarié dans leur existence. Et dans ces années, une trouée – pour certaines une percée de ciel bleu, les plus belles années de leur vie : l’enfance de leurs enfants.

Mais pas pour elles. Ces femmes modernes ne s’y plaisent pas : il est en effet bien plus épanouissant de vendre des petits pains toute la journée et laisser le fastidieux devoir de « torcher leurs gosses » à une autre. Qu’il faudra payer, hélas ! Et on peut se demander pourquoi 1048€ semble trop élevé à ces féministes pour faire ce qu’elles trouvent trop peu « épanouissant » à faire, alors qu’elles-mêmes se plaignent de ne gagner que 1143€ derrière leur comptoir. L’argent est le moyen de faciliter un troc, et dans une société sans argent, l’échange serait « je travaille pour toi pendant que tu travailles pour moi », nos savoir-faire étant différents. À la fin, chacun aurait eu un service ou un bien de même valeur. Il ne leur resterait rien d’autre, pas même l’équivalent de 30€. Aujourd’hui, la valeur est traduite en monnaie, et il faut ajouter à chaque service les charges sociales qui y sont attachées. Ainsi, lorsque « je travaille pour toi pendant que tu travailles pour moi » laisse à chacun une ardoise envers l’État équivalent à ces charges. Une simple logique comptable voudrait alors que chacun travaille pour lui dans la mesure de ses capacités, ou que l’échange se fasse sans argent, sur le mode du service rendu, du don et du contre-don.

Aussi, lorsqu’Aurélie se plaint que son salaire passe presque tout entier dans le salaire de la nounou, elle oublie qu’en plus de cet échange, légèrement à son avantage, elle gagne aussi la protection sociale qui y est attachée. Mais dans un système où cette protection est socialisée, elle n’en a cure : si elle ne travaillait pas elle serait tout aussi bien remboursée par la Sécu au titre d’ayant droit de son mari. Chacun ainsi ne voit pas quel avantage il a réellement – à part quelques sous dans une lointaine et hypothétique retraite – à mettre ainsi au pot commun. Elle oublie également que la nounou doit vivre elle aussi, et qu’avec 1048€ il ne doit pas lui rester grand'chose non plus à la fin du mois. Et que si Aurélie et les autres mamans étaient mieux payées (ce qui serait souhaitable), il serait normal que les nounous le soient également. Au bout du compte, il ne leur resterait donc guère plus d’argent à la fin du mois.

Alors la question est la suivante : l’État doit-il subvenir entièrement aux frais de garde des enfants ? C’est ce que semble réclamer ces mères qui ont fait des enfants sans avoir le désir de s’en occuper, qui luttent pour une libération fantasmée – à l’encontre de toutes les luttes sociales – et qui assènent à qui veut les entendre que c’est leur choix et que c’est leur droit, sans jamais se demander si le choix et le droit de leurs petits seraient d’avoir leur maman auprès d’eux.

Mais comme elles trouveraient bien rétrograde que l’État verse un salaire maternel pour aider les femmes qui s’occupent elles-mêmes de leurs petits, la seule réponse qui semble-t-il les satisferait serait : « Oui », à condition qu’une autre s’en charge.

Triste époque.

 

1.http://rmc.bfmtv.com/emission/aurelie-travailleuse-pauvre-en-greve-de-la-faim-la-caf-m-a-dit-que-j-etais-bete-d-aller-travailler-1100477.html

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4 février 2014 2 04 /02 /février /2014 17:01

 

 

 

abcd-egalite.jpgLes « outils pédagogiques » de l’abcd de l’égalité nous apprennent que la Belle des contes de notre enfance serait une figure passive servant de faire-valoir au héros masculin : « Elle est en position d’attente d’une situation sociale » nous dit-on. Son seul mérite serait sa beauté « comme don des fées » ou encore « comme don divin », c’est-à-dire qu’elle n’a pas mérité sa beauté, elle l’a reçue et ne l’a pas gagnée : « La beauté permet à la jeune fille/ femme d’être aimable, au sens premier du terme, et charmante. Elle a un rôle passif. »

 

Une remarque d’abord sur cette beauté, attribut passif permettant d’être aimé : cessons l’hypocrisie ! Comment, dans une société où la course à la beauté dont les critères, jamais accessibles, sont imposés par la mode, fluctuante, sans fondements anthropologiques, qui mène les jeunes filles et bientôt - au  nom de l’égalité !? - les jeunes hommes, aux traitements les plus fous et les plus onéreux pour avoir les cheveux lisses, un jour blonds, l’autre noirs, la peau bronzée, le nez « en forme de tour Eiffel » ou en forme de trompette, qui les mène à l’anorexie, à la chirurgie, et parfois au suicide, comment peut-on oser la critique de la beauté comme facteur d’attraction ? Au motif qu’elle serait un don ? Faut-il pour être « méritée » qu’elle soit le résultat d’une longue course désespérée pour... coller aux stéréotypes ? Stéréotypes temporaires d’une mode qui court toujours plus vite, et finir sa course en vieux liftés à la peau trop tirée, soutenant leur libido déclinante à coups de pilules, frustrés, toujours frustrés de n’avoir pas pu se contenter de ce que la nature leur avait donné, ni accepter des ans, l’irréparable outrage ?

La beauté est donnée, et ce don est injuste. C’est ainsi.

Continuons. La beauté rend aimable : soit ! C’est une réalité, pas un stéréotype. Je doute fort que Vincent et Najat, pour choisir leur moitié, aient été attirés par la laideur. La beauté attire : c’est le facteur premier parce que c’est le premier que l’on voit. Mais une beauté défaillante peut être sublimée par l’amour, de même qu’une beauté éclatante peut devenir terne aux yeux de celui qui n’aime plus. L’amour dépasse la beauté. Mais pour le conte, cela suffit : il faut que la personne soit aimable pour nouer l’intrigue, ou parfois simplement pour la dénouer, lui donner une fin.

Notons enfin que le prince, lui aussi, est beau.

 

Reprenons le fil de notre démonstration : Blanche-Neige, Cendrillon, Raiponce, la Petite Sirène, la Belle-au-bois-dormant, des figures passives ?

 

Blanche-neige2.jpgBlanche-Neige : belle, oui, il faut qu’elle soit belle ; non pour attirer le prince qui n’intervient qu’à la toute fin de l’histoire, mais pour susciter la jalousie de la reine, sa belle-mère. Passive ? Attendant d’être sauvée par le prince ? Que nenni ! Elle se sauve avec l’aide d’un chasseur, traverse les bois peuplés de bêtes sauvages, apprivoise les sept nains méfiants qui acceptent finalement de l’héberger, et courageusement se met au travail : elle nettoie, balaie (Ah ! voilà un stéréotype : elle balaye dans la maison ! si elle balayait dehors, elle serait balayeur de rue : adieu le stéréotype !). Mais aussi elle chante, elle est gaie, elle accepte dans la bonne humeur une vie matériellement dégradée. Elle attend son prince : oui, comme tout le monde ou presque, elle espère aimer et être aimée. Stéréotype ?

 

Cendrillon.jpgCendrillon : elle aussi, elle est belle. Mais sale. Sa beauté est cachée ; par jalousie on tente de l’enlaidir, par les travaux, les privations, les vilaines robes rapiécées. La jalousie, l’envie, après l’amour, est l’un des plus vieux moteur de l’humanité. Et donc des contes, des mythes et des légendes. Qui touche les femmes comme les hommes. Ici – comme la marâtre dans Blanche-Neige – ce sont des femmes qui ont ce vilain sentiment : la belle-mère, les demi-soeurs. De plus, elles sont laides. Comme quoi la figure de la femme dans les contes n’est pas toujours belle et aimable. Oui, mais me direz-vous, la figure désirée, celle de l’héroïne est belle ! Encore une fois, à une époque où la beauté est tellement exaltée, quelle hypocrisie que de faire croire qu’il faudrait que l’héroïne soit laide pour échapper aux stéréotypes !

Poursuivons : Cendrillon n’attend pas passivement le prince ! Elle transgresse l’interdit, plus ou moins explicite selon les versions, de se rendre au bal. Avec l’aide de sa marraine (figure féminine pas vraiment passive), elle prend des risques : celui d’oublier l’heure, de se retrouver pauvresse à côté d’une citrouille dehors au milieu de la nuit ; celui d’être reconnue par sa marâtre et ses sœurs au bal. Et que fait le prince, si ce n’est de tomber amoureux et d’envoyer ses gens la chercher par tout le royaume ? L’actrice, celle qui a agi sur le destin, c’est elle, Cendrillon : elle n’accepte pas sa condition injuste de princesse humiliée et déclassée. Elle veut sa part de bonheur dans la vie. Stéréotype ?

 

Raiponce.jpgRaiponce : ici, la Belle et son amoureux sont à égalité. C’est ensemble qu’ils vont lutter contre la sorcière. Enfermée dans sa tour Raiponce veut sa liberté, et à défaut d’être ingénieur, elle est ingénieuse : elle demande au prince de lui amener de la soie pour lui permettre de fabriquer une corde pour s’évader. Après l’échec de leur stratagème, elle est emmenée par la sorcière qui l’abandonne dans le désert – où il ne suffit pas d’attendre passivement son prince pour survivre ! – pendant que lui erre, aveugle, pendant des années. Ils finissent par se retrouver, ex aequo, si l’on peut dire. Stéréotype ?

 

La-petite-sirene.pngLa Petite Sirène : amoureuse d’un prince qu’elle a sauvé de la noyade elle veut échapper à son destin de sirène. Pour cela, elle accepte de perdre sa voix magnifique et d’avoir sa langue coupée, puis boit un philtre qui dans une douleur terrible transforme sa queue en jambes. Passive, la sirène ? Par sa volonté et ses sacrifices elle sort de sa condition. Plus encore : elle traverse la barrière des espèces. Hélas ! privée de sa voix elle ne peut se faire connaître du prince comme étant celle qui l’a sauvé et elle assiste impuissante à l’amour que celui-ci éprouve pour une princesse qu’il croit être son sauveteur. C’est digne d’une tragédie grecque. Malgré sa douleur, elle refuse de tuer le prince et de redevenir sirène ; elle préfère se jeter dans la mer et se transformer en écume. L’héroïne, c’est elle. Stéréotype ?

 

la-belle-au-bois-dormant.jpgReste, dans cette liste, à parler de la Belle au bois dormant. Comment le nier ? C’est dit dans le titre : la Belle dort. Difficile d’être plus passive. Mais le prince n’est pas un héros non plus. Il est à la chasse, on lui raconte que dans ce château dort une princesse merveilleuse. Il veut la voir et les ronces s’écartent pour le laisser passer : il n’a pas besoin de se battre à la machette pour accéder à la Belle ! Tout est figé dans le palais, personne ne lui barre la route : il n’a qu’à se pencher pour embrasser la princesse, ce qui n’a rien de bien héroïque !

 

On pourrait trouver mille autres exemples de contes dans lesquels les femmes se battent, refusent leur destin, gagnent leur bonheur au risque parfois de leur vie. C'est vrai, ce bonheur est celui, millénaire, de connaître l’amour, d’avoir des enfants. Stéréotype ? Qui peut nier qu’un des plus grands bonheurs sur cette terre est celui d’avoir une famille, de participer à la chaîne de la vie humaine, d’avoir autour de soi des proches, suffisamment proches pour se fondre en une unité fondamentale de la société, avec qui l’on partage des valeurs, une vision du monde, en plus des soucis et du pain quotidien !

 

Alors, que voulez-vous vraiment déconstruire Najat et Vincent ? Les stéréotypes ou la famille ?

 

 

Et en attendant votre réponse qui ne viendra pas, pardonnez-moi de déconstruire vos stéréotypes : la figure passive dans les contes, c’est souvent le prince !prince-crapaud.jpg

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 00:53
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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 11:04

pot-d-echappement.jpgLa France a enfin décidé de s’occuper du problème du diesel. Bonne nouvelle. J’entends les cris mais je le répète : bonne nouvelle. C’est qu’il ne faut pas confondre la fin et les moyens, et il n’est pas question ici de plébisciter le gouvernement lorsqu’il projette d’« équilibrer ses comptes », c’est-à-dire de payer aux banques les intérêts d’une dette dont il a lui-même créé les conditions d’existence, en se servant sur les pauvres moutons qui ne peuvent s’échapper et qui sont déjà les grands perdants d’un système mis en place au fil des ans par l’État lui-même.

Une explication d’abord :

Le diesel est l’un des produit du raffinage du pétrole. À la sortie d’une raffinerie, on trouve des carburants pour le transport (essence, gazole, kérosène) mais aussi différents gaz, du mazout, du coke, de l’asphalte, de la paraffine, etc. Le gazole est aussi nommé gas-oil ou diesel, du nom de l’inventeur du moteur fonctionnant au gazole, Rudolf Diesel.

Des chiffres ensuite :

En France, la consommation par an de diesel c’est environ 39 milliards de litres contre 12 milliards de litres pour l’essence, ce qui place la France très loin devant la plupart des autres pays.

À la sortie de la raffinerie, le diesel coûte plus cher que l’essence. Et à l’achat, une voiture diesel peut coûter jusqu’à 20 % plus cher qu’une voiture essence. Bien que le rendement d’un moteur diesel soit supérieur à celui d’une voiture essence, et qu’un moteur diesel soit plus solide qu’un moteur essence, sur un marché automobile où le turnover est plus rapide que la vie moyenne des moteurs quels qu’ils soient – le véhicule aura des pannes provenant d’autres pièces avant la mort du moteur – l’avantage économique pour le particulier à investir dans une voiture roulant au diesel n’a rien de naturel. Pourtant, le parc automobile diesel en France, c’était 5 % en 1980 et 60 % en 2012. Pourcentage qui va en augmentant puisque aujourd’hui 70 % des nouvelles immatriculations concernent des véhicules diesel.

Par ailleurs, les sociétés de raffinage n’ont aucun intérêt à vendre plus de diesel que d’essence, pour une raison très simple : tous deux sont issus du même baril de pétrole, et en moyenne, ce baril va donner 20 % d’essence et 30 % de diesel. Puisque la France consomme environ 3,5 fois plus de diesel (39 milliards de litres) que d’essence (12 milliards de litres), les raffineries françaises vont devoir exporter leur production excédentaire d’essence, alors que l’on va par ailleurs devoir importer environ le tiers des besoins en gazole. Ce déséquilibre entre production et consommation intérieure va affecter la balance commerciale de la France, qui affichera en 2010 un déficit commercial de 9 milliards d’euros pour le gazole.

De plus, importer du pétrole brut pour le traiter en France, puis réexporter de l’essence raffinée et importer du gazole pour satisfaire à la demande intérieure, a contribué à la décision des raffineries de s’installer au plus près des sources de pétrole brut pour éviter ce va-et-vient inutile. Et donc à fermer les sites de raffinage français avec ce que cela veut dire en terme de perte d’emploi et de savoir-faire locaux.

D’autres chiffres enfin :

Le diesel, c’est moins de CO2 que l’essence, mais c’est aussi 50 fois plus de particules fines et la presque totalité des oxydes d’azote (NOX) libérés par la combustion des moteurs, car les pots catalytiques montés sur les voitures fonctionnant au gazole ne peuvent pas, pour des raisons techniques, éliminer les oxydes d’azote.

Aujourd’hui, la plupart des voitures diesel neuves sont équipées de filtres qui retiennent les plus grosses particules, mais les plus fines, celle qui pourront se loger le plus profondément dans le système respiratoire, ne le sont pas. Et elles sont responsables d’allergies, d’asthme, de bronchites chroniques, de problèmes cardio-vasculaires, etc. Elles sont également classées parmi les cancérogènes par l’OMS, induisant en particulier des cancers du poumon et de la vessie.

En Île-de-France, en 2011, Airparif a estimé qu’environ 3 millions de Franciliens étaient potentiellement exposés à des niveaux de pollution qui ne respectaient pas la réglementation, en particulier pour le dioxyde d’azote (NO2) et pour les particules fines.

En 2005, une étude réalisée dans le cadre du programme CAFE (Clean Air for Europe) estimait à près de 42 000 par an les décès en France à imputer aux particules fines. Lorsqu’on compare ce chiffre à celui des 4 000 morts par an dus aux accidents de la route, on réalise l’ampleur du problème. Mais autant il est facile de compter les morts par accident, autant il est difficile de le faire pour des morts « par statistique ». Ce sont des morts sans bruit et sans visages, et parce qu’il est difficile de les compter, ils ne comptent pas.

Pourquoi et comment en est-on donc arrivé là ?

Cette situation n’est pas le fait d’une contrainte technologique ou même économique : elle est le résultat de décisions politiques suivies d’une incapacité à prévoir les différentes conséquences de ces choix et d’un aveuglement, hélas récurrent ! aux problèmes de santé publique.

Après la guerre, seuls les camions et les tracteurs sont équipés d’un moteur diesel. Pour soutenir ces professionnels, le gouvernement détaxe le diesel. Dans les années 60, la France fait le choix du nucléaire, et petit à petit - parce que ça permet d’asseoir l’indépendance énergétique de la France, mais aussi parce qu’équiper une maison en radiateurs électriques, plutôt que d’un système de chauffage central complexe, permet de baisser le coût de la construction - la part du fioul domestique (qui fait partie de la même fraction de distillation du pétrole que le gazole) recule. Il fallait donc augmenter la part de véhicules roulant au diesel pour compenser la diminution de ce débouché pour la fraction fioul/gazole des raffineries françaises. On a alors incité l’industrie automobile à investir dans le moteur diesel en même temps que l’on conservait l’avantage fiscal du diesel pour tous les véhicules, y compris non professionnels. Aujourd’hui, cet avantage fiscal est d’environ 18 ct., la taxe pour l’essence étant de 60 ct./litre, celle du diesel de 42 ct./litre.

Loin de ne faire que compenser la perte de débouché pour la fraction gazole/fioul de la distillation du pétrole, ces diverses incitations ont projeté la France en tête du classement des pays les plus équipés en moteurs diesel, l’obligeant depuis plusieurs années à en importer pour satisfaire ses besoins. Gouverner, c’est prévoir, et il était facile de prévoir à quel moment le déséquilibre allait se faire. Mais nos gouvernements successifs n’ont rien vu venir, à tel point que, obnubilés par le CO2 et poussés par le nouveau marché de la taxe carbone, ils ont accordé aux voitures diesel des bonus écologiques qu’ils refusaient aux voitures à essence de puissance comparable. Ces bonus – pris dans la poche du contribuable puisque l’argent de l’État ne peut venir que de là – ont donc participé au déficit commercial de la France, à la délocalisation de l’industrie du raffinage, à l’empoisonnement de la population avec ce que cela veut dire en terme de souffrance humaine et de déficit des comptes sociaux.

Aujourd’hui, la Cour des comptes évalue la perte de recette fiscale à 6,9 milliards en 2011. Elle recommande donc « d’appliquer les engagement de la loi dite Grenelle 1 » sur les avantages fiscaux dont bénéficie le gazole. C’est-à-dire, d’augmenter la taxe sur le diesel, de 42 à 60 ct., surcoût que devra payer sans échappatoire possible – puisque le prix de la voiture diesel sur le marché de l’occasion se sera effondré – l’acheteur confiant à qui l’on avait vanté le retour rapide de la plus-value sur le prix à l’achat des voitures diesel.

Que la décision finale aille dans le sens d’une hausse de la taxe sur le diesel ou vers une quelconque prime à la casse sur les véhicules diesel, comme toujours ce sera aux contribuables de payer. Contribuables qui ont déjà payé de leur poche les « bonus écologiques » bien mal nommés, le déséquilibre commercial, les Assedic pour ceux qui ont perdu leurs emplois délocalisés, la Sécu pour les asthmatiques et les cancéreux, et de leur vie pour ceux qui sont maintenant au fond du trou.

 

Alors oui, le gouvernement a enfin décidé de s’occuper des problèmes dus au diesel, et c’est une bonne nouvelle. Mais cette décision n’est que le reflet des contraintes de l’UE, et il est malheureux de constater – une fois de plus ! – que ceux qui nous gouvernent n’ont pas eu d’eux-mêmes, et ce depuis longtemps, le souci de préserver la santé des Français, alors même que les intérêts purement économiques de la France allaient dans le même sens. En prenant conscience de cette gabegie, on ne peut qu’éprouver rage et amertume devant l’incurie de nos dirigeants, jamais responsables de rien, et qui ne savent que faire payer au peuple qu’ils méprisent le prix de leurs choix absurdes et parfois criminels.


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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 13:52

De la liberté des uns et de celle des autres. Et de leur pardon.    

Galliano-underwears.jpg 

 

Galliano-bouche-cousue.jpgComplètement bourré sur une terrasse parisienne, John Galliano, après une altercation dont on ne connaît pas la teneur a prononcé l’imprononçable : 


 

" J'adore Hitler. ( … ) Des personnes comme vous seraient mortes. Vos mères, vos pères seraient tous des putains de gazés " 

 

La foudre s’est alors abattue sur lui. Les éternels tænia qui se vautrent goulûment dans une seule fosse de la faiblessetenias.jpg humaine, ignorant hypocritement toutes les autres pour mieux remplir la leur, SOS Racisme, le Mrap, l’UEJF et l’horrible LICA rebaptisée LICRA pour ramener à elle les vers de la fosse d’à côté, ont réclamé leur croûton casher ; ils n’ont reçu qu’un seul euro de dommages et intérêts, mais il en a coûté bien plus à leur proie qui a dû acquitter les factures des vautours en robe noire qui remplissent leurs cabinets et leurs portefeuilles des plaintes gémissantes de ces éternels damnés de la terre que sont les fils d’Israël. Qu’ils disent. 

 

Que Galliano, depuis qu’il a perdu son ami et son frère Steven Robinson, soit malade de ses diverses addictions, qu’il ait depuis quelques années accumulé les signes de son mal-être : chute sur le trottoir, miction sur une piste de danse, etc., que la folie ait accompagné son génie dans la danse-dingue des excentriques créateurs de rêves et de lumières, robe-Galliano.jpgqu’il ait été acclamé, ovationné, adulé par les plus grandes dames de ce monde, qu’il ait par ce même génie un peu fou contribué au rayonnement de la France, n’a aucune importance et ne sera pas décompté dans le poids de sa faute. Pas de pitié ! Jamais. Toutes ces stars qui se disaient ses amies, habillées par lui en princesses, fières de poserGalliano.jpg avec lui : pas une n’a bougé, pas une ne l’a défendu. Trop peur d’être contaminées. Celui qui touche aux juifs, qui, pire encore, touche à la néo-religion judaïque de la Shoah doit ramper à vie, seul, dans la boue : licencié, Galliano-le-diable.jpgdésigné à la vindicte populaire par tous les médias, voilà maintenant François Hollande, en bon valet, qui arrache sa légion d’Honneur du revers de sa veste. Il doit payer, payer jusqu’à sa mort. Ce n’est plus qu’un chien, moins qu’un chien : si on pouvait le gazer, on le ferait.

 

Pendant ce temps, ailleurs en France, nos ministres s’indignent. " Une pensée en ce jour de mobilisation pour les pussyriot. L’impertinence ne devrait jamais amener en prison " nous dit doctement Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des Femmes et porte-parole du gouvernement. Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, a fait part vendredi de sa "consternation". Pour Jean Michel Baylet, président du Parti radical de gauche, cette condamnation "est une honte". Pour lui, ces jeunes femmes n'ont fait qu'exprimer leur " liberté d'expression ". Quant à Cécile Duflot, celleCeclie-Duflot-Pussy-riot.jpg dont le compagnon " se fiche pas mal de la France " et qui ferait mieux de laisser la Russie s’occuper de ses propres affaires, en signe de solidarité entre chattes elle a enfilé sa cagoule - qu’elle la garde ! - et s’est faite prendre en photo avec son petit carton de protestation. 

 

Pourtant,en France, le premier article de la loi 1905 sur la laïcité stipule : " La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes [...] ". En vérité, en précurseur du choc des civilisations annoncé, ce à quoi nous assistons est un choc des libertés, certains voulant aller au-delà même de la pourtant très libérale injonction : " la liberté des uns s’arrête là où commence la liberté des autres ". Pas de frontières pour la liberté : celle de la liberté des autres, du respect de leur foi - sauf pour la néo-religion dont il est question plus haut, bien sûr - c’est encore trop.

 

Pussy-riot.jpgVladimir Poutine, conscient sans doute que les happenings " de ces chattes révoltées étaient surtout destinés à provoquer la réaction de l’Occident - raison pour laquelle leur nom de guerre n’est ni en russe ni en alphabet cyrillique - Occident trop heureux de se saisir de l’événement pour dénoncer le totalitarisme " poutinien alors que le pion russe dérange le jeu des joueurs d’échecs au Moyen-Orient, avait appelé à la clémence. Pareil pour le Haut conseil de l’Église orthodoxe russe : Sans mettre en doute la légitimité de la décision de justice, nous demandons aux autorités de l'État de faire preuve de clémence envers les condamnées dans l'espoir qu'elles renonceront à toute répétition de ce genre de sacrilège ". Mais les chattes en chaleur ne sont refroidies que par leur mise temporaire à l’ombre, elles n’ont émis aucune sorte de regret, et elles ont fait des petits. Les féministes " duKill-kiril.jpg mouvement ukrainien Femen sont elles aussi pleines de ressources : l’une s’est jetée seins à l’air, les mots " Kill Kirill " (" Tuez Kirill " en anglais - toujours en direction de l’Occident) écrits en lettres noires sur son dos nu, sur le patriarche de l’Église orthodoxe russe Kirill à sa descente d’avion à l’aéroport de Kiev, en criant "Femen-croix.jpgDehors ! ". Une autre, elle aussi les seins à l’air, a tronçonné une croix en bois à Kiev en appelant à la libération desdites chattes. Appel au meurtre, profanation : ce n'est pas grave, ce ne sont que des gentils.

 

Blasphémée par les paroles de la prière " hurlée dans l’Église Christ-Sauveur de Moscou, merde, merde, merde le Seigneur ", profanée en plusieurs circonstances antérieures dont les médias n’ont pas parlé chez nous tant que la Justice russe ne réagissait pas (quel intérêt d’en parler si on ne peut s’en servir pour tenter d’allumer une pink revolution ?), l’Église russe parle en chrétienne, de pardon et de rédemption. On vous l'a dit : ce sont des gentils.

 

Galliano n’avait pas en face de lui des chrétiens. Dommage pour lui. Chez ces gens-là on ne pardonne pas. 

 

Retour en France. Dans un communiqué, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, appelle les autorités russes à respecter le " principe de liberté sans lequel aucune création n’est possible  ". " Ce qui leur est reproché est ni plus ni moins d’avoir librement exercé leur art ", explique la ministre, qui estime également qu’ " à travers elles, c’est la liberté de création des artistes qui est mise en accusation ". Et  d’ajouter :" De tout temps, la création a connu une indispensable dimension  provocatrice. La liberté de création est aussi la liberté de critiquer le  pouvoir en place. C’est la force d’une démocratie que de savoir accepter cette licence artistique et de protéger les artistes qui l’exercent. "

Critiquer le pouvoir en place ? Le vrai ? Qu’en pense Dieudonné ?Dieudonne.jpg

 

 

 

 

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 20:11

miss-black-france.jpgCe samedi soir se tient la première édition de "Miss Black France". Il s’agit, nous dit-on, de mettre la «beauté black» à l’honneur. Mais Frédéric Royer, organisateur de l’événement, nous rassure immédiatement : «On n'a jamais dit que les candidates blanches étaient exclues. Si une femme blanche se présente l'année prochaine, on ne pourra pas la refuser.» Mais Frédéric Royer ne nous dit pas, dans le cas où une femme blanche aurait l’idée saugrenue de s’inscrire à un concours si explicitement communautariste, si elle aura une chance de gagner... Puisqu’il s’agit de «mettre la beauté black à l’honneur», on peut en douter. Monsieur Royer, en affirmant ceci ne veut que se mettre à l’abri d’éventuelles attaques pour discrimination. C’est qu’à force de refuser toute distinction, toute différenciation, de vouloir interdire toute séparation dans les statistiques, les castings ou les offres d’emploi, ceux-là mêmes qui veulent ainsi lutter contre le racisme sont pris à leur propre piège. Mais s’agit-il même de racisme ? Non, le croire serait se tromper de catégorie. Ce serait simplifier la chose. Pourtant, a priori, elle est simple. Il s’agit juste de choisir qui, parmi une vingtaine de jeunes filles noires, est la plus belle. Pourquoi pas ? Après tout, pour toutes sortes de concours, on fait des catégories : les poids lourds combattent avec les poids lourds, les filles se mesurent à la course avec d’autres filles, les handicapés jouent contre d’autres echelle.jpghandicapés, et personne n’y trouve matière à s’offusquer. Mais, me direz-vous, ces catégories sont là pour regrouper ensemble des prétendants selon une échelle hiérarchique afin, justement, de les rendre homogènes à l’intérieur de ces catégories : les poids plumes, qui seraient défavorisés s’ils devaient lutter avec des poids lourds, sont mis ensemble, les filles qui courent moins vite que les garçons se mesurent entre elles, et les handicapés qui n’auraient aucune chance face à des valides sont eux-aussi mis à part.

On pourrait donc penser que regrouper des phénotypes similaires pour mesurer leurs beautés respectives participerait à une hiérarchisation de la beauté : il y aurait les blanches, les jaunes peut-être, et dessus, ou dessous, les noires. Mais on me rétorquera sans doute que non, qu’on fait bien des concours à l’intérieur de groupes se trouvant sur le même échelon, que les concours nationaux en sont le plus bel exemple. Effectivement, on organise des championnats français, espagnols ou sénégalais, sans pour autant présumer d’une quelconque supériorité entre Français, Espagnols ou Sénégalais. Mais un Français ne crie pas à la discrimination parce qu’on le désigne en tant que Français et qu’il joue dans une équipe de France et non dans celle qui représente la Chine. À l’inverse, peut-il sans doute ressentir une certaine fierté d’être français, mais sans pour autant ressentir nécessairement une supériorité de l’être. Là est toute lala_courte_chelle.png subtilité : être fier de ce que l’on est sans se penser supérieur. Mais cette subtilité est difficilement compatible avec l’esprit d’un concours ; un concours, c’est justement désigner celui qui sera le meilleur, le plus fort, le plus rapide ou le plus beau. C’est la hiérarchisation par excellence. Participer à un concours, vouloir le gagner, c’est vouloir la défaite des autres, c’est vouloir leur discrimination. Le gagnant aura la coupe, l’argent et les honneurs et le perdant n’aura rien. Comment donc, dans cet esprit, prétendre qu’on rejette toute discrimination ? Et pourquoi la discrimination évidente de la laide, qui ne pourra pas non plus participer au concours, serait-elle moins grave que la discrimination de la blanche ou de la noire ? Parce qu’il n’y a pas d’association revendiquant la fierté d’être laide ? Et pourquoi n’y enlaide.jpg a-t-il pas ? Parce que les laides ne se montrent pas en tant que telles. Parce qu’elles n’ont justement pas cette fierté d’elles-mêmes pour cette qualité-là, si on ose l’exprimer ainsi. On peut donc dire que l’existence d’associations ou de groupes organisant des marches, effectuant des pressions ou mettant sur pied des concours, enfin toutes choses qui mettent en avant le groupe en tant que porteur d’une différence, est la manifestation du fait que cette différence n’est pas vécue en tant que souffrance intrinsèque. Elle peut être vécue comme souffrance par rapport à l’autre, comme objet discriminant envers celui qui ne porte pas cette différence, mais pas en tant que telle. En tant que telle, elle est déjà une fierté. Et c’est donc à ce moment précis que leshierarchie.jpg représentants de cette différence ne devraient pas en faire l’objet d’une hiérarchisation, d’une mise en concours entre soi, comme si, à peine était-on sortis d’un sentiment de hiérarchie par rapport à un groupe extérieur, fallait-il le recréer un à l’intérieur du groupe lui-même.


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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 09:46

le-baiser-de-la-lune.jpgOn aurait aimé que ce soit aujourd’hui le premier avril. Pour croire que ce pourrait être une mauvaise blague. Mais non, ce sont bien deux poissons, Félix, Léon et leurs amours, que nos têtes blondes devront avaler. On nous dit qu'en 2010, notre ministre de l’Éducation nationale avait «plié», comme une faiblesse qui l’aurait amené à refuser cet indispensable instrument de la «lutte contre l’homophobie» qu’est le dessin animé Le baiser de la lune. Il faut croire que - peur de se faire sodomiser dans cette posture inconfortable ? - il se serait redressé, puisque Libération, le journal de la gauche Rothschild, nous exprime ce matin son soulagement à l’annonce que ce conte à déniaiser les enfants qui croient encore que les princesse tombent amoureuses des princes et vice-versa, pourra enfin leur être voile-vapeur.jpgprojeté dès leur entrée au Cours Moyen. Ce soulagement, on le perçoit aussi dans le témoignage de cette institutrice qui nous apprend que sans cet "outil pédagogique" elle n’aurait pas pu aborder le thème de l’homophobie dans sa classe. La belle affaire ! Faut-il vraiment que nos enfants de moins en moins innocents, nos petites filles qui à huit ans peuvent trouver à leur taille string et soutien-gorge rembourré, nos petits garçons qui ont accès au porno avant même de savoir que leur zizi ne leur servira pas qu’à pisser, faut-il vraiment qu’à pas même dix ans, ils sachent «qu’ils ont le choix», qu’il leur faudra tout essayer pour se déterminer... ou ne jamais se déterminer et voguer libérés, à voile et à vapeur sur l’océanserpent tentation des plaisirs ? Faut-il vraiment les soumettre ainsi à la tentation de ce qui ne les aurait peut-être jamais tenté ? Faut-il vraiment que nos enfants ne puissent plus être des enfants, et qu’à l’insu de leurs parents - car ne doutons pas que la projection de ce «conte pédagogique» ne sera pas annoncée à leurs géniteurs, de crainte qu’ils ne fassent leur devoir d’éducateurs en gardant leurs enfants à la maison - on les fasse pleurer sur les amours contrariées de deux alevins  du même sexe ? Amours contrariées par une vieille grand-mère, pas méchante mais rétrograde, image indispensable aujourd'hui afin ne pas risquer de freiner les avancées libératoires d'une société, qui à force de se libérer perd tout repère et toute boussole ; il ne faut ainsi accorder à nos Anciens aucune sagesse et les représenter bien au contraire, entre mépris et commisération, comme des attardés qui n’ayant pas pu suivre the move ! ne sont plus bons qu’à radoter... Jusqu'à ce qu'ils soient, peut-être, touchés eux-aussi par la grâce de la modernité et de ses "valeurs", au premier rang desquelles se trouve ce nouveau concept de la "non-discrimination". Exit donc le bon sens et la raison. poisson-triste.jpgPlace à l’émotion ! Ah l’émotion ! quel magnifique vecteur pour modeler l’âme et atteindre les consciences... Et qu’il sera difficile ensuite pour les parents réfractaires qui voudront remettre de l’ordre - horresco referens ! - dans la tête de leurs chérubins, lorsqu’ils auront en face d’eux leur enfant bouleversé par le triste regard de l’amoureux incompris. Voilà pourquoi il faut que ce genre de film soit projeté à des enfants jeunes : ils sont encore à cet âge touchés par la larme de la biche, et la peine du poisson gay sera si fortement inscrite dans leur inconscient que la raison ne pourra plus imposer dans leurs esprits que la nature n’avait pas prévu les choses ainsi, et qu’il n’y a là aucune discrimination.

 

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 23:30

concept-visage-fils-de-Dieu.jpgIl y avait eu la pièce de théâtre «Sur le concept du visage du fils de Dieu», dans laquelle, geste de révolte ou de mépris, je ne sais, cette face s’efface sous des jets de matière brune... Quelques mois auparavant, un «artiste» avait plongé un crucifix dans un flacon d’urine... Charlie Hebdo, après avoir relayé les caricatures de Mahomet, en remet une couche, avec son numéro spécial «Charia Hebdo». Aujourd’hui, voici Golgotha Pic-Nic qui nous emmène au pied d’un Christ en croix ridiculisé, dont la blessure au côté droit dégorge de billets de banque, au sommet d’un Golgotha jonché de hamburgers...

 

touchez-pas-Jesus.jpgLes croyants, depuis quelques décennies, tout à tour méprisés comme ringards ou gentiment moqués comme naïfs, dans une société qui ne croit qu’à ses propres valeurs - je veux dire par là, à des lois qu’elle met en place puis érige en valeurs pour les rendre universelles - se voient aujourd’hui attaqués bien plus violemment, et plus seulement sur le thème«les religions ont été la cause de centaines de guerres et de massacres», mais au coeur même dchretien-musulman.jpge leur foi. Alors ils disent leur colère, et l’on a vu défiler catholiques et musulmans unis dans un même front, demander le respect, non pas d’eux-mêmes, mais de ce qui pour eux, et pour une bonne moitié de l’humanité, est au-dessus d’eux.

 

Alors, au nom de la liberté de l’artiste, de la liberté de caricature, de la liberté de rire, on les traite d’intégristes catholiques, d’islamistes, et immédiatement on les imagine féroces, violents, bornés, en un mot extrémistes. Un pas de plus, et les voilà terroristes.

 

Dieudo-colonD’un autre côté, nous avons vu Dieudonné caricaturer un colon israélien à la télévision. Puis Siné tacler le fils Sarkozy en mettant en lien la judaïté de sa femme et son avenir. Plus récemment, Eric Mazet a posé la question aux auditeurs, dans une émission de Sud-Radio, de savoir si DSK serait soutenu par un éventuel lobby juif. Parce qu’il a laissé parler ses auditeurs, que ceux-ci peut-être n’ont pas été suffisamment filtrés, il a perdu son travail. Siné a dû quitter son journal. Dieudonné, lui, est auréolé de soufre et les salles se ferment à son passage. Liberté d’expression ? de caricature ? de rire ? Non, nous voilà dans un tout autre registre, celui de la répression contre un supposé racisme bien spécifique, l’antisémitisme. 

 

Alors, on peut se poser la question : comment se fait-il que nous donnions plus de valeur à ce que nous sommes, ou même à ce que nous sommes supposés être - car il faut quand même avoir beaucoup de bonne volonté pour voir dans la communauté juive une race distincte, ou même une ethnie tant elle est hétérogène et physiquement indiscernable - qu’à ce que nous mettons au-dessus de nous, à ce qui nous transcende. On peut bien sûr croire qu’au-dessus ame.jpgde nous il n’y a rien, et il n’y a alors, au sens strict, rien à respecter, mais l’idée même, reposant sur une forme d’humilité, de n’être pas au sommet de la création, et de n’avoir pas pour seul raison d’être que notre propre évolution humaine se déroulant jusqu’à on ne sait quel sommet, dans une auto-justification qui ne trouve sa raison quneant.jpge dans un miroir, devrait forcer le respect de tous - ne serait-ce que par ce que ces questionnements sous-tendent comme tentative d’élévation de la conscience - et même de la part de ceux qui pensent que le néant encadre nos vies.

 

Et pourtant non. Le sacré n’est plus dans les choses de l’esprit, mais dans celles de la chair. Et c’est pourquoi la seule religion dont on ne peut se moquer est celle qui a inscrit - à rebours de toutes les religions universalistes qui voudraient voir l’humanité entière se rassembler dans un même espoir et une même foi - qui a inscrit donc ce qui devrait genes.jpgpourtant rester du domaine de l’esprit, dans les corps, dans chacune de leurs cellules, au plus psang.jpgrofond de leur chair, dans ce qui biologiquement les identifie, dans leurs gènes. Alors, là encore, je me pose la question : pour que les chrétiens, les musulmans, soient respectés, devraient-ils eux aussi - se mettant ainsi dans l’impossibilité d’obéir aux paroles du Christ ou de Mohammed qui envoyèrent leurs disciples prêcher et convertir - inscrire leur foi dans leur sang ? Est-ce là le prix du respect aujourd’hui ? On le dirait. Il est alors trop cher payé, puisque ce prix serait celui du renoncement.


 

Et Dieu.jpgc’est bien là toute la tristesse de celui qui constate que la chair seule obtient aujourd’hui le respect de ceux qui ont renoncé à leur âme. Signe ultime du triomphe de la matière.

 


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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 22:50

Cher Monsieur Collon,

 

Attaqué sur la forme que prend votre antisionisme par Alain Soral, vous y avez répondu brièvement - dans un premier temps - par un article publié sur votre site.

Nous devrions nous battre du même côté, et sur certains sujets, comme celui de la défense d’Hugo Chavez, nous le sommes. Déjà, lorsque je vous ai rencontré lors d’une tournée de conférences que vous faisiez avec Tariq Ramadan, je vous ai posé la question du nationalisme vénézuélien. Et déjà vous me répondiez que le nationalisme du sud est un nationalisme de résistance contrairement au nationalisme d’un pays comme la France, ou de la Belgique, qui serait un nationalisme agressif et à visée colonialiste.

Monsieur Collon, ne voyez-vous pas que ce nationalisme là, outre de mal porter son nom, a vécu depuis longtemps ? Que vous réfléchissez avec des catégories qui ont plus d’un demi-siècle d’obsolescence ? Un nationalisme conquérant n’est pas un nationalisme mais un impérialisme. Il faut redonner aux mots leurs sens, faute de quoi nous ne pouvons réfléchir sérieusement, et on pourrait d’ailleurs se demander s’il n’y pas dans la déformation du langage une forme de tromperie volontaire qui en tordant les mots rend impossible, et leur réfutation, et leur appropriation. Mais là n’est pas le sujet de ma lettre.

Un petit aparté encore avant d’aborder la suite : épargnez-nous s’il vous plaît les attaques faciles pour ne pas aborder le fond du sujet, en vous faisant l’écho de rumeurs d’un Le Pen qui pendant la guerre d’Algérie aurait été un tortionnaire... Je n’y étais pas, vous n’y étiez pas, c’était la guerre, il y a eu des saloperies des deux côtés, et même si cela s’avérait en partie vrai, il y a peu entre la torture et un interrogatoire musclé lorsqu’il s’agit de savoir où un attentat sur des civils innocents est peut-être en train de se préparer.

Sans compter les inventions a posteriori pour discréditer celui qui devait exister sans jamais pouvoir être fréquenté. Vous connaissez l’histoire du Front national, Monsieur Collon, et vous connaissez le dessous des cartes en politique : tout peut se dire et tout peut s’inventer lorsque c’est pour « la bonne cause », c’est à dire celle que l’on défend (1). Alors restons sur le terrain de l’analyse, le sol y est bien plus solide.

La France aujourd’hui est, tout autant que le Vénézuela - bien que de manière plus insidieuse parce que les forces de domination et d’asservissement, que l’on peut appeler l’Empire, s’y trouvent très efficacement relayées de l’intérieur - en position de devoir se défendre. Et contre cet Empire sans véritable figure qui veut faire du monde un vaste marché dominé par les multinationales, qui pour se déployer ne veut plus ni États ni frontières, quoi d’autre que retrouver l’idée de Nations, libres, indépendantes, protectrices et souveraines décidant en fonction de l’intérêt de leurs peuples et d’eux seuls quels accords, traités, alliances elles font entre elles ? Rien dans ce nationalisme là - le nôtre - n’implique que la défense des intérêts d’une nation irait de pair avec le non-respect de la souveraineté et de la liberté des autres nations.

Le sous-entendre comme vous le faites en assimilant nationalisme et impérialisme est une imposture. Le nationalisme bien compris, celui qui lutte contre le mondialisme, ne peut être que respectueux de toutes les nations. « Chavez, le Che, Lumumba, Nasser et Le Pen, même combat donc ? » dites-vous. Oui, chacun selon sa sensibilité, sa culture, son époque, l’histoire de son pays et sa réalité géopolitique se sont battus ou se battent pour la même chose : l’indépendance politique et économique de leur pays. En vous rappelant que lorsqu’il s’est agi de se coaliser pour amener la démocratie en Libye, le seul grand parti en France qui a dénoncé cette ingérence dans les affaires internes d’une nation souveraine – comme il l’a fait pour l’Irak, l’Afghanistan et peut-être demain l’Iran - c’est bien le Front National...

Mais venons-en à l’essentiel : l’antisionisme. Vous reprochez à Alain Soral de donner à la question religieuse une place trop importante. Et en même temps vous lui reprochez de faire le jeu de nos "philosophes" sionistes trop heureux de pouvoir taxer d’antisémitisme tout antisioniste qui émet une critique du judaïsme. D’abord sur la forme : faut-il donc accepter les catégories de nos ennemis – ici les sionistes qui en revendiquant l’existence d’un État juif font du racisme "anti-goy" une institution - pour ne pas « tendre le bâton pour se faire battre » ? Non, il faut les réfuter et jeter au loin ce bâton qui n’a pas lieu d’être. Ensuite sur le fond : le sionisme est un projet juif, même s’il a pu, au cours du temps, être supporté par des non-juifs.

Et un juif, qu’est-ce donc si ce n’est l’adepte d’une religion ? Mais peut-être – sûrement - qu’en homme de gauche vous refusez d’imaginer que le monde puisse être, aujourd’hui encore, dirigé par des pensées dont les racines puiseraient aux sources des textes sacrés. Pourtant la légitimation sioniste de la présence juive en Palestine - et pas ailleurs - s’y trouve bien. La Terre Promise est un concept religieux et la reconstruction du Troisième Temple un projet bien réel qui tire sa motivation de textes prophétiques. Même Georges Bush, en son temps, légitimait in petto, sa croisade contre l’Irak par la guerre de Gog et Magog (2) !

Mais peut-être me direz-vous encore qu’un juif ce n’est pas seulement l’adepte d’une religion, qu’il y a d’ailleurs beaucoup de juifs athées, qu’Herzl lui-même l’était, etc.... Mais accepter cela c’est accepter qu’il y ait un peuple juif en-dehors de la religion juive. Un peuple qui, parti de Ur, aurait erré dans le désert, puis après moult pérégrinations se serait installé enfin en Palestine, avant de se disséminer aux quatre coins de la Terre. Un peuple qui ne pouvait se fondre dans les autres – où sont les Celtes ou les Tartares aujourd’hui, si ce n’est fondus dans de nouveaux peuples ? - parce qu’il aurait une particularité qui le rendrait différent, non-miscible, quelque chose d’unique comme un gène, mieux qu’un gène, puisque le caractère qui y serait lié se transmettrait ou ne se transmettrait pas, sans jamais se métisser.

Vous êtes juif ou goy, jamais à demi-juif. Vous connaissez pourtant les thèses de Shlomo Sand (3), et avant lui d’Arthur Koestler (4) ? Et certainement que vous y souscrivez. Alors ? Qu’est-ce qui vous fait ainsi lever le bras pour vous défendre du bâton ? Vous voilà citant Tariq Ramadan qui, comme des milliers d’autres, la Licra et le Mrap en tête, lient l’antisémitisme à une forme de racisme. Nous y voilà ! Si l’antisémitisme est une forme de racisme - comme le désire une certaine élite sioniste en place pour empêcher toute critique du judaïsme et du sionisme qui en est issu - alors le « sémite » est le représentant d’une race, ou disons - puisque je suppose encore une fois qu’en homme de gauche vous réfutez le mot même de race – d’une ethnie particulière. Mais quelle ethnie peut trouver en son sein aussi bien des blonds aux yeux bleus, des roux, des peaux mates aux regards foncés que des noirs de peau ? Aucune. Alors d’où vient le ciment de ce "peuple" ? D’où vient-il si ce n’est d’une religion commune ?

On tourne en rond, vous le voyez bien. Ce peuple n’est peuple que par la désignation divine - selon ce peuple lui-même - qui a fait de lui le Peuple Élu. Et de la Palestine la Terre qui lui aurait été promise par leur Dieu. Vous ne pouvez pas sortir de là. Faire de ce peuple une entité anthropologique unique c’est non seulement accepter l’idée génétique de la judaïté, mais c’est en plus accepter que cette idée génétique bouleverse toutes les notions de la génétique en ne se transmettant que par la mère ( je n’ignore pas l’ADN mitochondrial mais vous savez aussi bien que moi que la recherche de ce côté là n’est qu’une tentative de justification désespérée) et qui porterait sur un caractère qu’on ne retrouverait ni dans le phénotype ni dans une particularité du métabolisme de celui qui en aurait hérité. C’est absurde.

Un dernier mot : il n’y a pas de « politique coloniale israélienne », Monsieur Collon ; l’existence d’Israël est une politique coloniale à elle toute seule, mais une politique coloniale qui n’est pas celle d’une nation, comme l’a été la politique coloniale de la France ou de la Belgique. Elle est le fruit d’un concept religieux qui est le fondement du judaïsme (5), et qui fait des Juifs des hommes différents de tous les autres hommes - un peuple à part de tous les autres peuples - et qui auraient sur une terre sur laquelle ils n’ont pas majoritairement vécu depuis deux mille ans, des droits imprescriptibles.

Or, vous n’acceptez pas cela, et vous avez raison. Mais alors comment, si vous pensez qu’être juif ce n’est pas faire partie d’une race à part, ni par élection divine, ni par l’existence d’un génome spécifique, justifiez-vous que cet antisémitisme qu’on nous jette à la figure soit un racisme ? Vous ne le pouvez pas, et c’est pour cela que, comme tous les autres qui manient ce bâton, vous prenez soin d’en faire un racisme "à part", une « forme de racisme »... afin d’embrouiller suffisamment les concepts pour que la raison , tétanisée, ne puisse répondre.

Notes :

1-À ce petit jeu là, les détracteurs de Chavez vous proposeront ce lien :http://totalitarianimages.blogspot....

2-http://www3.unil.ch/wpmu/allezsavoi...

3-Comment le peuple juif fut inventé, 2008

4-La treizième tribu,1976

5-Voir le livre d’André Gaillard, Le sionisme en Palestine / Israël, fruit amer du judaïsme, 2004

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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 22:47

Qu’il semble triste notre ami Finkielkraut, répondant en phrases lentes entrecoupées de longs silences, triturant ses lunettes et frottant de ses doigts enlacés son front plissé... On le sent si accablé par la question qu’on lui pose qu’il nous ferait presque pitié. Nous l’avons aimé pourtant dans sa jeunesse et dans la nôtre, quand il nous parlait d’amour, refusant la fatalité de la modernité... Et le voilà aujourd’hui, écrasé sous le poids de la bête aux entrailles toujours fécondes...

Il ne veut pas parler de haine, le sentiment qui l’habite est au-delà des mots, alors il cherche comment dire ce qui ne devrait pas être et qui pourtant est : oui, les trompettes de la renommée résonnent pour Dieudonné et Soral, pourtant boycottés par les medias, l’un pour son spectacle Mahmoud relatant sa rencontre avec Ahmadinejad, l’autre pour son livre donnant les clés pour Comprendre l’Empire, et ces trompettes, telles celles des anges annonçant la destruction de Babylone, sonnent pour lui comme un glas.

Il appelle à son secours la Civilisation, rappelle qu’elle permet de distinguer la vérité du mensonge... En ce jour qui nous remet en mémoire le 11 septembre et le grande farce des armes de destruction massive de Saddam, on ne peut s’empêcher de sourire... Il fait des aller-retours sur sa chaise, frotte ses mains l’une contre l’autre, cite Dieudonné sur l’Holocauste, les Juifs et l’esclavage, le sionisme dominant le monde, crescendo jusqu’à rappeler l’antisémitisme du siècle passé, avant de constater, comme vaincu : ça existe ? Oui.

Mais immédiatement, le voilà qui reprend du poil de la bête si l’on peut dire, pour affirmer avec le ton de celui qui se sait du côté de la Vérité : est-ce que ça a le droit d’exister ? Non. Et le voilà censeur se justifiant : l’antisémite se nourrit de l’antiracisme, il ose retourner l’argument contre les Juifs en les accusant de racisme ! Sacrilège ! Alors notre Finkie rappelle la Loi condamnant l’appel à la haine raciale, oublie que si l’antisémitisme est un racisme c’est que les Juifs eux-mêmes ont résolu d’être un peuple à part, s’enferme dans son paradigme et avoue : oui, cette loi permet à des Dieudonné, à des Soral, de se poser en persécutés. Tant pis ! Il ne le dit pas mais on l’entend : en matière de persécution nous avons une telle longueur d’avance que nous ne craignons point la concurrence... Que la Loi demeure.

Notre philosophe, comme apaisé, semblait avoir posé le point final à sa diatribe, mais le voilà qui revient à son propos, et après avoir extirpé du ventre de la Bête un troisième rejeton, jeune blonde qui a pris suffisamment de distance avec les propos de son père pour avoir le droit de causer dans les micros, il s’enflamme : elle n’a lâché la main de son père que pour mieux prendre celle de Soral !

Et nous, fermant les yeux, au rythme maintenant rapide des mots de notre penseur dont la pensée s’est comme annihilée au fil du temps et de sa fixation sur l’annihilation des Juifs, nous voyons se dérouler la liaison dangereuse de Marine avec l’homme aux "propos terrifiants", qui pourtant, de l’aveu même de notre narrateur, possède cette qualité si rare qui, si elle était plus répandue, changerait la face du monde : "il n’a jamais rusé, ce n’est pas un tricheur, il joue cartes sur table..." Que Dieu l’entende !

Et que Finkielkraut se souvienne de ses propres mots : la civilisation permet de distinguer la vérité du mensonge. Dans ces temps que nous vivons, où le mensonge permet tous les retournements et toutes les compromissions, au point que certains y voient comme un signe de la Révélation qui vient, retenons ceci comme un hommage : Alain Soral n’est pas un menteur.

 

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