Ma chérie, il faut que je te dise... En ces temps de suspicion, et avant que tu fasses ta vie, que tu te maries et que tu sois fidèle, il faut que tu te protèges... Non, je ne te parle pas de capuchon mais bien de bouclier. Car vois-tu il arrivera forcément un jour, où parodiant sans le vouloir Zemmour, Dieudonné ou même Frêche, tu auras prêté le flanc à la vindicte, et tes ennemis – puisqu'on en a toujours - décocheront leur unique flèche - dont la pointe pourtant devrait être bien émoussée à force d'avoir servi, mais qui sans cesse est retrempée dans le fiel diabolique de la Discrimination - en s'écriant : « Raciste ! Antisémite ! Homophobe ! ». Alors tu pourras prendre dans la panoplie de tes souvenirs le petit papier le mieux adapté, et leur dire d'une petite voix pointue : «vous vous trompez : je suis déjà sortie avec un noir...». Mais attention, l'exercice est difficile ! Si tu parles de coucherie, tu aggraveras ton cas, tu seras une raciste doublée d'une perverse. Non ! Il te faut l'avoir aimé, ou tout au moins le faire penser; il ne faudrait pas, pour se prémunir d'une insulte, en subir une autre... Allez, va ma chérie, prends ton petit panier et mets-y : un noir, un blanc, un jaune, un juif et un arabe, ça devrait suffire, pas besoin de faire plus dans le détail, le maghrébin vaudra pour le moyen-oriental et l'africain couvrira tout l'espace de Rio à Bombay, puis ajoute-y encore, de la couleur que tu préfères - que dis-je ? tu n'en préfères aucune bien sûr ! -, un handicapé, une fille, un vieux et un homo.
- Mais Maman, je fais comment pour sortir avec un homo ?
- Comment le saurais-je ? À moi on me disait juste d'être sage avant le mariage et de choisir quelqu'un qui me ressemble.