Lors la conférence de présentation de la liste Dieudonné-Gouasmi-Soral aux élections européennes du 7 juin prochain, en développant sa réponse à la question d'un journaliste, Mr Gouasmi a eu cette phrase à priori mystérieuse : « ...derrière chaque divorce il y a un sionisme... ». Voulait-il dire qu'un des moyen des sionistes pour asservir les nations et les soumettre à leur projet est de les affaiblir, et que cet affaiblissement passe aussi par un avachissement moral des peuples, de ses mœurs, de ses valeurs, de ses traditions, et qu'un des piliers à scier pour effondrer l'édifice est le couple, et son extension la famillle, qu'il faut rendre éphémère pour mieux répondre à la volonté de nomadisme d'un Jacques Attali ?
Peut-être et ce ne serait pas entièrement faux, mais je pense que l'idée de Mr Gouasmi était toute autre.
Écoutons d'abord ce qu'il disait au début de sa réponse au journaliste : « Le sionisme n'est pas humain, il vous enlève votre humanité. ». Puis plus loin, en remettant sa phrase dans son contexte : « Le sionisme, il divise le foyer, il divorce le foyer. A chaque divorce, moi je vous dis, il y a un sionisme derrière, à chaque chose qui divise une nature humaine il y a derrière un sionisme. »
Qu'est-ce que le sionisme ? Au-delà de son histoire, et au-delà même de son projet politique, il est d'abord une idée. Et cette idée repose sur une séparation. D'un côté il y a les juifs. De l'autre il y a... le reste du monde. Et ce reste du monde étant hostile il faut un État juif et seulement juif. Peu importe que le judaïsme en premier ait coupé le monde en deux : le peuple élu et les goys. Peu importe que ce qui pouvait être vu comme une mission, la mission d'un peuple éclairé par Dieu à guider les autres peuples vers la Vérité - mission qui implique en premier lieu une droiture exemplaire - ait été dévoyé pour n'en garder que la notion de peuple supérieur : les juifs sont victimes et ne doivent pour bien vivre ne vivre qu'entre eux. Soit. Si c'est ainsi que certains d'entre eux désirent vivre, ce n'est pas à moi de juger. Mais encore aurait-il fallu trouver un lieu sans habitants. L'idée a maintenant plus d'un siècle, et la volonté que cet État prenne naissance en Palestine n'était pas immédiatement évidente. Le premier sionisme était laïc et le Foyer juif aurait pu s'établir n'importe où. Sur une terre sans peuple par exemple. Mais dans la première décennie du XXème siècle, l'idée s'est imposée : parce que Yahvé avait placé la Terre promise en Palestine ce devait être là que serait fondé l'État juif, et tant pis si des populations arabes y vivaient depuis des siècles. A partir de ce moment, dans l'idée sioniste la terre palestinienne est devenue une terre sans peuple : il fallait donc que les arabes qui y étaient deviennent... Rien ! Rien dans l'idée, puis Rien dans la réalité. C'est ce Rien dans l'idée, cette déshumanisation des palestiniens, à proprement parler cette désintégration, qui a rendu plus facile la réalisation de ce Rien dans la réalité. Et le sionisme est ainsi devenu cette idéologie inhumaine qui dénie à celui qui la gêne le simple droit à être.
« Derrière chaque divorce il y a un sionisme », nous dit Mr. Gouasmi. Il y a un sionisme. Pas le sionisme. La clé de cette phrase est dans cette distinction : il y a un sionisme, c'est à dire une attitude, une direction de la pensée qui nie l'autre, qui lui ôte son humanité. Derrière chaque divorce il y a une personne, parfois deux même, qui refuse de voir en l'autre quelqu'un dont les sentiments, les valeurs, les besoins ont autant d'importance que les siennes propres. Derrière chaque division il y a quelqu'un dont les actes dérivent d'un « pousse-toi de là que je m'y mette », qui veut soumettre ou écraser l'autre, ou qui l'ignore, autre forme d'écrasement. Dans l'idéologie sioniste la seule valeur sacrée c'est le sionisme lui-même : tous les moyens sont donc bons pour arriver à sa propre fin. Le sionisme ne recherche ni la justice ni la paix; il ne recherche pas la bonne intelligence entre les peuples, le respect de la différence, le dialogue. Il ne se met jamais à la place de l'autre. Il ne le peut pas, car s'y mettre conduirait à se nier lui-même. Il ne cherche même pas à mettre l'autre à sa place, à le phagocyter, ce qui se traduirait par une volonté d'assimiler les arabes par des conversions et des mariages mixtes. Non, cela encore serait contraire à ses fondements. Le peuple juif et lui seul, sans apport extérieur, sans métissage qui ternirait sa pureté. Il ne recherche que la réalisation de lui-même, au mépris de la souffrance et du droit des autres, et en cela il est profondément égoïste. Derrière chaque divorce, chaque division, il y a bien un mépris de l'autre, un refus de l'entendre, une négation de sa souffrance, une incapacité à se mettre à sa place ou même à lui faire une place. Il y a un un égoïsme, pour ne pas dire un égotisme. Et c'est ainsi qu'on peut dire qu'il y a un sionisme. Un sionisme comme métaphore de l'indifférence à l'autre.
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Sur l'inexistence du peuple palestinien : link