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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 19:27

Conçu dans une piscine, l'Apprenti-juif1 Yann Moix semble définitivement incapable de nager autrement qu'entre deux eaux. À l'inverse d'une Édith Stein dont il a écrit la mort et la vie, née juive, convertie au catholicisme et entrée au Carmel, Yann Moix, fasciné dans un premier temps, à la suite de son idole François Mitterrand, par Thérèse de Lisieux - ce qui l'avait mené, alors qu'il se dit agnostique, jusqu'à servir la messe lors de la commémoration des quatre-vingt ans de sa canonisation - tente par tous les moyens de se faire accepter par la communauté juive.

 

Il est trop tard pour une circoncision au huitième jour, mais la vie s'est déjà chargée de lui faire comprendre par où pouvait passer le flux de la puissance. Enfant, lors d’une compétition de judo, il doit affronter un colosse qui le terrorise. Tétanisé, il "pisse dans son froc" et souille aussi le kimono de son 
adversaire. Le prof remarque uniquement la tenue humide du colosse, lui passe un savon et le matraque à coups de bambou. C'est donc par une faiblesse plus grande encore qu'il a pu prendre sa revanche contre une nature qui l'avait fait trop chétif.

 

Par solidarité de faiblesses péniennes sans doute, il prend gaillardement la défense de Polanski qu'il n'hésite pas à blanchir en noircissant la Suisse qui l'aurait livré à "la Meute"2. Il ne trouve alors pas de mots assez forts : "J'aime Polanski et je hais la Suisse. (...) La Suisse ne se donne même pas, comme le feraient des salopes ordinaires : la Suisse se prête au plus fort. (...) Elle prête sa soumission. C’est une pute.". Il lâche alors l'insulte suprême : la Suisse serait "fondamentalement antisémite". Yann Moix, lui, ne sait plus vraiment qui il est. Grand admirateur de Mitterrand, le voilà conquis par Sarkozy. « À l'instar de François Mitterrand, il est remarquable de noter que Nicolas Sarkozy n'a pas peur du courage. Nous avions, sous l'ère Chirac, une présidence qui mettait les idées en boîte; avec Nicolas Sarkozy (...), force est de reconnaître que nous avons une boîte à idées. »

 

Présenté au chef de l'État par Alain Carignon3, il déjeune à l'Élysée et se justifie :«j'ai écrit ce papier parce que Sarkozy a désormais la meute contre lui. » Tiens ! La revoilà ! Il semble avoir trouvé le sens de sa vie : à rebrousse-poil des chiens. Parce qu'Arthur4 est traité de complice pour son soutien au traitement de la question palestinienne par Tsahal, il se fâche : « comprenez, mes amis : de collaborateur. De collabo. Les manifestants essaient, c’est très clair, de faire passer dans les mœurs l’équivalence Israël-Allemagne nazie ». Avant de sonder le tréfonds de l'âme juive : « Arthur vient de faire l’expérience fondamentale que tout Juif fait dans sa vie, tôt ou tard : celle de l’irrémissibilité de l’être-juif. Quand on est juif, on est toujours juif d’abord. Et français, canadien ou marocain, ensuite. C’est cela que les juifs paient tous les jours. Tel est leur destin. C’est de cela, aussi, qu’ils doivent être fiers. ». Et c'est pour cela que Zemmour est un traître et qu'il le traite de salaud : « Oui, un salaud au sens sartrien du terme. (…). Dans le cas de Zemmour, ça donne un juif honteux qui croit que sa citoyenneté française passe avant la judéité, ce qui selon moi est une aberration ! ».

 

L'apprenti-juif encaisse mal la leçon du pas-assez-juif qui ne le suit pas dans son soutien à Polanski. N'étant pas couché, chez Ruquier, il acquiesce par de petits « exact » à la tirade de Zemmour : «En gros, si on fait un condensé de ce que tu écris, parce qu’il est juif, que ses parents sont morts dans le ghetto, etc… il a le droit de baiser une gamine de 13 ans. (…) et tu écris que ‘le métier du juif est d’être perpétuellement accusé, être juif c’est être coupable d’une seule chose, être coupable’. Donc ça veut dire qu’il est accusé parce qu’il est juif. C’est délirant! (…) Je n’ai jamais entendu une phrase aussi antisémite depuis 50 ans». Voilà l'arroseur bien arrosé ! Mais Zemmour continue : « Il n’y a pas d’aristocratie du malheur. J’en ai marre de ce lieu commun. Dire que l’histoire des juifs est une suite de malheurs ininterrompus, c’est faux! Il n’y a pas qu’eux qui ont été persécutés.». Cherchant la meilleure parade et la pire des insulte, Moix pense l'avoir trouvée : «Là, tu es en train de faire du Dieudonné». Nous, là, Dieudo, on l'entend rigoler... Mais Zemmour ne l'entend pas et lui donne le meilleur des conseils : « mais lâche-leur les baskets aux juifs! Oublie-les ! ».

 

Pauvre de Moix ! Il avait pourtant lu et fort bien critiqué le livre "L'année où j'ai vécu selon la Bible" de A.J. Jacobs5 qui explique : « officiellement je suis juif, mais je le suis à peu près autant que le Bistro Romain est un restaurant italien. ». Yann Moix ne trouve pas ça drôle et le dit. Lui, officiellement non juif, voudrait tellement l'être qu'il en prend la posture, selon sa propre définition : ayant publié son virulent pamphlet anti-Suisse6 sur Facebook, son compte est bloqué. Enfin coupable ! Enfin victime ! Enfin juif ! Il a le monde contre lui et le voilà qui pleure : « Facebook ne fait plus de la censure : Facebook pratique le délit de sale gueule. (…) Je suis le premier artiste français, le premier écrivain du monde a être excommunié d’une société virtuelle ouverte à tout le monde sauf un. Même les néo-nazis ne connaissent pas ce traitement. ». Puis il se ressaisit et tempête : « Je suis écrivain, je suis réalisateur. Qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas, c’est ainsi. J’écris, je publie, je travaille beaucoup, je réfléchis, j’existe ». Ce n'est donc pas si grave : malgré son élimination de la surface du monde virtuel, Moix existe. Quand on a été découvert par celui qui a fait l'apologie de Jean-Baptiste Botul7, on devrait être déjà bien content...

 

Condamné le 19 octobre 2010 pour avoir diffamé les cinémas Utopia, Yann Moix était, bien évidemment, soutenu par son ami BHL : « L’affaire est grave. Le dossier est explosif. Parce qu’il a eu le courage de dénoncer l’antisémitisme flagrant d’un article anonyme publié sous l’égide des cinémas Utopia, Yann Moix est aujourd’hui l’objet d’une procédure pénale pour “délit d’injure publique”. ». Alors voilà notre Moix qui décide de se battre contre cette censure insupportable, et qui, prenant sa plume, signe une pétition contre son fleuron, la loi Gayssot. Mais lui qui avait pourtant écrit que « sans les juifs le monde court à sa perte » se retrouve avec la meute – qui a changé de camp - à ses trousses. Il s'est trompé de sens, a caressé le chien à rebrousse-poil ! Vite, demi-tour ! Le voilà bredouillant et se justifiant : il a été abusé sur la « nature des initiateurs », il prie chacun de prendre acte qu'il n'est plus signataire. En aucun cas il ne saurait être solidaire d'une action soutenue par Faurisson.

 

Mais alors, que faisait-il, tel un loup-garou le soirs de pleine lune, le 31 juillet 2010, en compagnie de Dieudonné ?

 

 

Yann Moix et Dieudo


1Texte paru en 2007 dans La Règle du jeu.

2Texte paru en 2010 défendant Polanski et comparant l'Affaire Polanski à l'Affaire Dreyfus.

3Ancien ministre et maire de Grenoble, il a été condamné deux fois, en 1996 et en 1999, pour abus de biens sociaux.

4De son vrai nom Jacques Arthur Essebag, animateur et humoriste, il a été condamné en 2009 à 1 de dommages et intérêts pour injure publique envers Dieudonné.

5Écrivain juif américain laïc.

6Publié en janvier 2010 et intitulé : J'aime Polanski et je hais la Suisse 

7Philosophe fictif né d'un canular en 1995, BHL tombe dans le panneau et cite la pensée du grand philosophe Jean-Baptiste Botul à l'appui de son argumentation dans De la guerre en philosophie paru en 2010.

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